George R.R Martin, auteur de la saga Le Trône de fer a établi la distinction entre les auteurs-jardiniers et les auteurs-architectes. Une classification de profils qui n’est pas forcément connue de tous les écrivains, publiés ou non. Mais elle mérite que l’on s’y penche de plus près. Parfois critiqués, ces profils dits « simplistes » restent néanmoins un très bon appui pour se lancer dans l’écriture d’un roman (ou tout autre projet d’écriture). C’est aussi un excellent moyen de travailler sur un blocage d’écriture. Je blablate, je blablate, mais cela ne vous aide pas à en savoir plus ! Qu’est-ce que c’est que ce baragouinage de jardinier et d’architecte ? Je ne vous fais pas languir davantage et je vous raconte tout sur les différents profils d’auteur…
Je n’ai pas découvert ces différents profils grâce au célèbre auteur de Game of Thrones. Non, pas du tout même. Je n’ai d’ailleurs jamais lu ses ouvrages… Grossière erreur ou non ? 🤔
Ce sont grâce à deux romancières que j’ai pu mettre le doigt sur ce sujet très intéressant. Lorsque j’ai interviewé Swann Isern et Astrid Stérin, toutes deux ont abordé leur profil d’auteur pour expliquer leur façon d’écrire un roman. Bricoleuse pour Swann, jardinière pour Astrid.
Bricoleuse ? Jardinière ? Ces deux mots ne me disaient rien. Je ne comprenais pas exactement ce qu’elles voulaient dire. J’ai alors décidé de me renseigner. Et les informations à ce sujet ne manquaient pas !
J’ai appris qu’il existait trois profils types d’auteur.
L’architecte est quelqu’un de très organisé. Avant l’écriture de son récit, il construit un plan détaillé et minutieux, le plus précis possible.
Chaque étape de son ouvrage est décrite point par point. Il crée des fiches personnages complètes où il transcrit avec précision leur personnalité et leur caractère. Il prépare les scènes en amont. Décrit les intrigues qui se développent au cours de l’histoire. Il connait tous les éléments narratifs du récit du début jusqu’à la fin.
Comme un architecte, ce type d’écrivain tient absolument à bâtir les plans de son œuvre avant de la construire. Sans cela, il lui est impossible de créer quoi que ce soit. Tout doit être organisé, planifié, préparé, listé, établi.
Le jardinier, quant à lui, est tout le contraire de l’architecte. Il ne va pas s’embêter à édifier soigneusement un plan de A à Z. Au contraire, cela représenterait la mort de sa créativité !
Cet écrivain se lance tête baissée dans l’écriture de son ouvrage. Le gros de l’histoire est dans sa tête, avec une idée de début et de fin. L’important n’est pas de tout prévoir, mais de faire évoluer son histoire au fur et à mesure. La spontanéité et la liberté d’imaginer sont les points forts du jardinier. Le but pour lui est simplement de construire le texte tout en l’écrivant.
On le surnomme jardinier car, à l’image d’un homme de terre, il écrit son histoire (semer une graine) en sachant ce que cela va donner dans l’ensemble (une carotte, une tomate, un poireau, etc.). Il rédige le récit (la plante se développe et grandit) en l’ajustant au fur et à mesure (arrosage, paillage, taille, engrais).
J’estime que cette comparaison avec le jardinier est employée à tort. J’écris ça en connaissance de cause. En effet, j’ai une petite expérience dans le maraichage qui me permet de l’expliquer…
Il faut savoir que la culture de fruits et légumes est loin d’être aussi « simpliste ». Le jardinage est une activité qui demande beaucoup de réflexion en amont. Il est important de connaître la plante, son volume une fois arrivée à maturité, les maladies qu’elle pourrait développer, son besoin en eau, en ombre, etc.
Julien Hirt (auteur et fondateur de son site julienhirtauteur.com) transforment les jardiniers en explorateurs.
Cette troisième catégorie n’a pas été créée par George R.R Martin. Elle tient sa source de certains auteurs qui ne se retrouvaient pas dans les deux autres profils.
Le bricoleur (ou écrivain hybride) n’est ni architecte, ni jardinier. Ils est… un peu des deux. Généralement, il prépare un plan avant de commencer la rédaction de son ouvrage. Mais un plan sommaire, sans entrer dans les moindres détails. Ce support lui est indispensable car il ne croit pas qu’écrire spontanément puisse être une bonne idée.
Il démarre ensuite la rédaction de récit tout en suivant le schéma qu’il a construit. Néanmoins, le bricoleur ne s’enferme pas dans ce plan. Au contraire, il tient à laisser libre cours à des idées nouvelles. Il se laisse guider par sa créativité et son imagination. Cela ne le dérangera pas d’écrire une scène qui n’était pas prévue. Faire apparaître un personnage auquel il n’avait pas pensé.
L’ouvrage du bricoleur doit simplement suivre une trame. Une trame qui peut être alimentée par des intrigues imprévues et inattendues.
Maintenant que vous connaissez les différents profils d’auteur, ne reste plus qu’à savoir quoi en faire. Je vous ai posé ça là, en quelques lignes. Maintenant, débrouillez-vous ! Serais-je aussi cruelle ? Non, bien sûr que non ! Je ne vais pas vous laisser comme ça sans approfondir le sujet.
Alors, pourquoi tout écrivant devrait déterminer son profil d’auteur ? C’est vrai, après tout, laissez-nous écrire comme nous le voulons ! Pourquoi faudrait-il encore nous mettre dans des cases ? Certains écrivent comme-ci, d’autres comme ça et puis c’est tout. Pourquoi être architecte ou jardinier ? Chacun sa méthode. Chacun sa recette secrète…
Oui, mais…
Prenons le cas d’une personne débutante. Une personne qui commence tout juste à appréhender le monde de l’écriture.
Peut-être est-ce votre cas ?
En tout cas, quelqu’un qui n’a jamais écrit pourrait avoir besoin de repères. Elle pourra explorer les divers profils et adopter celui qui lui conviendra le mieux. Mais pour cela, il lui faut avoir connaissance des diverses méthodologies.
Je vais prendre l’exemple du baccalauréat de français. À mon époque (je parle comme une vieille, mais il faut dire que j’ai passé le bac de français en 2014…), l’examen écrit reposait sur un choix entre la dissertation, le commentaire de texte ou l’écriture d’invention.
Pour s’y préparer, pendant deux ans, en seconde et en première, mon professeur de français nous livrait des méthodologies. Nous pouvions les tester, les adapter, les adopter ou bien les personnaliser. Mais nous avions besoin de cette base afin de pouvoir réussir chaque exercice. Sans cela, nous n’aurions pas su comment nous y prendre. Et c’est normal : nous n’y connaissions rien !
Pour construire une œuvre, c’est exactement la même chose. Si vous êtes débutant, vous avez besoin d’avoir les bases. Une méthodologie pour écrire. Et je vous en ai livré trois, que l’on nomme architecte, jardinier et bricoleur (personnellement, je préfère utiliser « écrivain hybride » !).
À vous de naviguer entre ces différents profils et de les tester. Une fois que vous aurez déterminé celui qui vous ressemble le plus, vous pourrez vous y fier pour produire votre ouvrage.
Je ne le dirai (ou du moins, l’écrirai) jamais assez : l’écriture est un art MAIS SURTOUT un travail. Il faut une certaine rigueur pour produire un roman, un recueil de poésie, un scénario, une pièce de théâtre, etc. Rares sont les auteurs qui créent une œuvre d’art en un seul jet, sans réécriture. Alors, selon moi, tout écrivant a besoin d’une base, d’une méthodologie, d’un outil de travail.
Toute personne qui écrit peut ressentir un blocage à un moment donné ou un autre. Une impossibilité de démarrer ou de continuer son récit. Une sorte de paralysie créative. Si elle n’est pas grave en soi, elle peut être très frustrante lorsque l’on a envie d’écrire sans le pouvoir.
À ce sujet, découvrez mes deux livres numériques pour vous aider à surmonter un blocage d’écriture.
Dans ce cas-là, (re)découvrir son profil d’auteur est un bon moyen pour faciliter le travail d’écriture.
Je m’explique.
Plusieurs raisons peuvent expliquer un blocage d’écriture. Mais cela peut aussi provenir d’un travail qui n’est pas adapté à votre profil d’auteur.
-Vous vous lancez spontanément dans l’écriture de votre ouvrage. Vous finissez par ne plus y arriver. Peut-être que vous devriez envisager de produire un plan, plus ou moins détaillé. Il représentera un support pour vous aiguiller dans votre histoire.
-Au contraire, vous réalisez un schéma extrêmement approfondi de votre future œuvre. Sans parvenir à la commencer. Vous avez peut-être bridé votre créativité et votre imagination. Vous avez besoin de plus de liberté. Tentez alors de prendre de la distance avec votre plan et d’écrire de façon plus affranchie.
Un blocage dû à une méthodologie qui ne vous convient pas peut être surmonté grâce à quelques réglages.
Pour ma part, j’ai déjà tenté d’écrire des romans ou courtes histoires sans aucun plan. Je n’en avais pas envie à ce moment-là, je souhaitais simplement pouvoir écrire directement.
Eh bien, c’était une grossière erreur !
Ces récits n’ont rien donné. Je les ai abandonnés en cours de route. Ou je les ai terminés sans en être satisfaite. Et sans même prendre la peine de les retravailler ! J’ai donc tout laissé tomber. Ce qui s’apparente à un blocage car je tenais sincèrement à ces histoires qui me semblaient très intéressantes.
J’ai compris que l’écriture spontanée n’était pas faite pour moi. Personnellement, j’ai besoin d’un plan. Quelque chose de construit et de détaillé avant de rédiger la première ligne. Sans cela, je trouve mes écrits plats, sans reliefs et inintéressants. Et je les délaisse, déçue de moi-même.
Je n’ai pas du tout le profil type d’une auteure-jardinière. Lorsque je m’y essaie, c’est un échec cuisant. Je bloque. Alors je sais que je dois revenir à ce que je suis réellement : bricoleuse, voire architecte.
Quoiqu’il en soit, déterminer votre profil d’auteur vous aide à avancer dans vos différents récits. Il vous aide à comprendre ce qui vous anime vraiment lors du processus d’écriture. Lorsque vous connaîtrez vos préférences, il vous sera beaucoup plus facile d’écrire un ouvrage.
Certains auteurs estiment qu’il n’existe que deux catégories distinctes (l’architecte et le jardinier). Tout écrivain ne fait alors que passer de l’une à l’autre.
D’autres estiment que les profils se divisent en trois types (l’architecte, le jardinier, le bricoleur).
Il y a également ceux qui jugent qu’aucune classification n’est envisageable. Chacun écrit comme il le souhaite. Aucun intérêt de « se placer dans des cases ».
Et moi ? Dans quel état d’esprit est-ce que je me situe ?
Sans grande surprise, je fais partie de ceux qui pensent qu’il existe trois types de profils. Certes, je ne connais pas cette classification depuis très longtemps. Pourtant, je suis persuadée que cela permet de mettre un mot sur sa façon d’appréhender vos écrits.
Et surtout : d’adopter une méthodologie spécifique !
Comme je l’ai écrit plus tôt, je ne pourrai jamais être une auteure-jardinière. Je n’aime pas l’improvisation (même dans la vie de tous les jours). Je suis au contraire quelqu’un de très organisé (peut-être trop). J’ai besoin de tout planifier, tout codifier, tout connaître, etc. Suis-je architecte pour autant ? Oui et non. Je pense que je me situerais plus facilement sur un profil de bricoleuse.
J’aime créer des schémas en amont. Des arbres généalogiques de mes personnages. Avec une fiche descriptive pour chacun. Décrire des scènes. Découper l’histoire en tant de chapitres. Détailler le début, le milieu, la fin.
Pourtant, j’aime aussi laisser libre cours à mon imagination une fois que je commence à écrire. Une nouvelle idée surgit. Elle me semble bonne. Très bien, je vais l’intégrer dans mon récit ! Un dialogue imprévu, une rencontre inattendue ? Je les rajouterai s’ils apportent un plus à mon histoire.
Lors de l’écriture de mes quatre romans (non publiés), c’était exactement ce qu’il se passait. Je réalisais un plan plus ou moins détaillé. Puis, j’écrivais et je créais des scènes auxquelles je n’avais pas pensé. Mais elles ne dénaturaient en rien le cours de mon histoire.
Pour en arriver là, j’ai réalisé des tests pour savoir ce qui me convenait le plus.
J’estime que connaître votre profil d’auteur est un excellent moyen de créer un ouvrage. Votre ouvrage. Votre petit bébé quoi…
Écrire est un vrai travail. Un travail conséquent, qu’il soit dans le plan, dans l’écriture, dans la réécriture ou dans la correction.
Déterminer votre profil type vous aide à connaître vos points forts et vos faiblesses. Grâce à cela, vous savez où vous prendrez le plus de plaisir. Et certainement ce qui vous prendra le plus de temps.
Enfin, en tant qu’écrivain débutant ou écrivain bloqué, (re)définir votre profil guidera votre plume dans l’écriture de vos plus beaux ouvrages.
Quoi qu’il en soit, je vous conseille d’utiliser cette classification comme une méthodologie de travail. Ne vous y enfermez pas. C’est simplement un outil pour vous aider à écrire et à construire votre ouvrage.
C’est maintenant à vous de prendre la parole… ou du moins le clavier ! Que pensez-vous de ce sujet ? Faites-vous partie de ceux qui acceptent cette classification ou ceux qui n’en voient pas l’intérêt ? Êtes-vous plutôt architecte, jardinier ou écrivain hybride ? J’attends tous vos retours en commentaire ! 🙂
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3 réflexions sur “Quelle Méthodologie Adopter Selon Votre Profil d’Auteur ?”
Merci de m’avoir aiguillée vers cet article que j’ai vu passé…
Actuellement, je dois être « jardinière » et je m’aperçois que cela ne me convient plus.
Je pense que le statut « architecte » peut me convenir car je note, je planifie mais je dois entrer plus dans le détail, ne pas survoler.
Merci.
Au plaisir de vous lire…
Je suis ravie que cet article ait pu vous guider et vous faire prendre conscience de ce nouveau profil qui semble mieux vous convenir. En espérant sincèrement que vous prendrez plaisir à découvrir l’architecte qui sommeille en vous !
En tout cas, merci pour votre commentaire ! 🙂 à très bientôt !
Pour mon premier roman j’étais architecte, écrire sur papier puis le restranscrire sur ordinateur, les noms des personnages, lieux… aujourd’hui je suis passer à bricoleur, j’aime c’est appellation , merci pour cet article qui permet de nous apprendre davantage sur nous mêmes en tant qu’auteur.