Les mains du miracle met en lumière le personnage de Félix Kersten, jeune médecin finlandais spécialisé dans le massage thérapeutique. Il est capable de guérir et soulager les pires maux possibles. À tel point que son talent prodigieux est reconnu dans toute l’Europe.
Alors que la Seconde Guerre mondiale bat son plein, Félix va être confronté à une situation qui met en tension ses convictions profondes et les fondements de sa profession (s’occuper de toute personne dans le besoin, quels que soient son origine, sa religion, son handicap ou sa réputation). Doit-il examiner et soigner Himmler, le chef de la Gestapo ?
Félix consent finalement à le rencontrer. Ses mains prodigieuses atténuent puis font disparaître les douleurs d’estomac du nazi, aussi violentes qu’insupportables. Ce dernier consultera Kersten régulièrement, allant jusqu’à la considérer comme son médecin personnel.
L’histoire aurait pu s’arrêter là. Mais le thérapeute va progressivement gagner la confiance du bras-droit d’Hitler. Et il va user de son influence pour sauver des milliers de personnes de l’enfer nazi. Commencera alors pour lui un grand combat dans la résistance…
Les mains du miracle, publié en 1960, n’est pas l’ouvrage le plus connu de Joseph Kessel. En tout cas, ce n’est pas le premier auquel on pense lorsqu’on évoque les œuvres de l’auteur. Et pourtant, il s’agit d’une véritable pépite. Une histoire hors du commun qui puise ses origines dans la réalité.
Car malgré son côté fictionnel, le roman est largement inspiré d’une histoire vraie. Félix Kersten, thérapeute aux vertus irréfutables, a véritablement existé. Connu dans toute l’Europe, sa réputation était telle qu’il a soigné de nombreux hauts dirigeants.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, Kersten n’a pas seulement été masseur au talent inné. C’était aussi un grand résistant, agissant au plus près de l’ennemi, et risquant sa vie à tout moment. C’est lui qui a apporté ses soins à Heinrich Himmler. C’est aussi lui qui a sauvé de nombreuses vies.
L’histoire nous emmène dans une époque où la guerre fait rage. Mais Kessel ne nous envoie pas au front, ni même dans un camp de concentration. Au contraire, nous suivons le parcours d’un seul homme : Félix Kersten. Et c’est un personnage pour lequel nous portons immédiatement de l’affection.
Empathique et attachant, c’est aussi un formidable thérapeute qui aime profondément son travail. Ses convictions et valeurs ne le prédestinaient pas à soigner Heinrich Himmler pour qui il ne ressent que dégoût et aversion.
Le chef de la Gestapo est le second protagoniste principal du roman. Un personnage que nous connaissons déjà, a priori. Et qui soulève en nous mépris et indignation.
À partir du moment où Kersten accepte de soigner le chef de la SS, Kessel nous plonge dans une atmosphère tendue. Sous nos yeux, une relation se tisse entre le barbare affaibli et le médecin résistant. Alors que Himmler voue une amitié sincère pour son sauveur, ce dernier cherche simplement à prendre le pouvoir sur lui. Et ce rapport asymétrique va nous secouer tout au long du roman en nous faisant vivre des émotions multiples.
En premier lieu, la répulsion apparaît instinctivement pour ce nazi fanatique qui est aux commandes d’un génocide.
Mais, en parallèle, c’est une timide sympathie que la plume de Kessel nous fait ressentir pour ce barbare. Sa douleur atroce et ses angoisses le rendent faible, fragile et presque humain. Nous comprenons sa souffrance physique, ce qui le rend immédiatement moins dangereux que ce qu’il paraît.
Pourtant, l’effroi, la colère, l’indignation et la haine reviennent lorsqu’il confie les terribles projets nazis à son thérapeute…
Nous vivons de l’inquiétude face à la prise de risque de Félix Kersten qui est constamment sur ses gardes. La pression se rajoute lorsque les autres membres de la Gestapo, méfiants, veulent s’en prendre à lui.
Mais l’admiration prend le dessus grâce à son courage, son sang-froid et sa détermination.
Nous ressentons enfin beaucoup d’estime pour ce personnage héroïque qui reste fidèle à ses valeurs et son objectif : sauver le maximum de vies.
Les mains du miracle est un ouvrage passionnant du début à la fin. Il est écrit de façon claire et détaillée, et ne laisse pas de place au répit. La biographie romancée permet également de (re)découvrir Félix Kersten, un personnage méconnu, tombé dans l’oubli.
Tout au long de ma lecture, j’ai été touchée par cette merveilleuse histoire. Je n’ai pas réussi à décrocher mes yeux de ce récit aussi effrayant qu’haletant. Je vivais avec les personnages, plongée dans la terrible période de la Seconde Guerre mondiale. Joseph Kessel livre ici une plume romanesque ingénieuse. Il manie avec brio la fiction et le réel. Grâce à lui, j’ai eu le plaisir de lire l’un de ses plus beaux ouvrages, à mon sens.
Je vous recommande donc de vite découvrir ce roman extraordinaire. Vous serez projeté au cœur de l’action, au cours de cette sombre période de l’Histoire et ce, pendant presque 400 pages. Et vous n’en ressortirez pas indemne, je vous l’assure. C’est un roman qui vous laissera un souvenir particulier, même des années après l’avoir lu…
« Kersten comprenait très bien : tout le chagrin de Himmler venait non point de ce qu’il avait des millions de Juifs à détruire, mais de ce que Hitler ne lui faisait plus une entière confiance pour mener à bien cette tâche. Et le docteur pensa avec épouvante au zèle meurtrier que le Reichsführer allait mettre en œuvre pour regagner cette confiance perdue. »
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« Et Kersten comprit que, malgré le sens du devoir qui le poussait à secourir Himmler et la pitié qu’il éprouvait pour lui, il serait incapable de le soigner efficacement tant qu’il serait obsédé, pétrifié par l’horreur de la déportation imminente. Il n’y pouvait rien : c’était une sorte de paralysie intérieure. Mais si Himmler renonçait au projet maudit, oh ! avec quelle joie, quelle certitude il le délivrerait ! »
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« Reichsführer, je suis votre ami. Je veux vous aider. Mais je vous en supplie, écoutez-moi. Reportez à plus tard cette histoire hollandaise et aussitôt vous irez mieux, je vous le promets, je vous le juge. Vous n’êtes pas médecin, mais un enfant comprendrait cela. Vos souffrances sont d’origine nerveuse. Je peux tout sur vos nerfs, sauf quand une préoccupation trop grave et constante les ronge comme un acide. Pour vous, l’acide est le souci dont vous obsède l’affaire de Hollande. Otez le souci de votre tête et je puis de nouveau agir sur vos nerfs et vous n’aurez plus mal. Rappelez-vous comme le traitement vous faisait du bien avant cette affaire. Il en sera de même si seulement vous allez trouver Hitler pour lui demander de remettre la déportation jusqu’à la victoire. »
Joseph Kessel est né en 1898 en Argentine. Mais c’est entre la Russie et la France qu’il vit.
Pendant la Première Guerre mondiale, Kessel est infirmier brancardier. Puis, il s’engage volontairement dans l’artillerie et dans l’aviation.
C’est à la fin de la guerre qu’il démarre une carrière dans le journalisme et dans l’écriture. Son métier de reporter lui donne l’opportunité de voyager partout dans le monde. Ce sont ces nombreux déplacements qui constituent la matière principale de ses ouvrages.
Lorsque la Seconde Guerre mondiale éclate, Joseph Kessel interrompt ses activités pour se lancer activement dans la résistance. Accompagné de Maurice Druon, il compose les paroles du Chant des partisans.
Dès la fin du conflit, Kessel renoue avec le journalisme et l’écriture de romans.
En 1962, il entre à l’Académie française. Il décède en 1979.
Ses œuvres principales :
-La steppe rouge, 1922
-L’équipage, 1923
-Belle de jour, 1928
-Le repos de l’équipage, 1935
-Mermoz, 1938
-Le lion, 1958
-Les cavaliers, 1967
Avez-vous déjà lu cet ouvrage ?
Si oui, L’avez-vous aimé ou non ? Pourquoi ça ?
Si non, mes quelques mots vous ont-ils donné envie de le lire ?
N’hésitez pas à répondre en commentaire pour m’en dire plus. Je serais curieuse de découvrir d’autres opinions que les miennes ! 🤗
Biographie de Joseph Kessel :
https://www.academie-francaise.fr/les-immortels/joseph-kessel
Parcours de Félix Kersten :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Felix_Kersten
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